Que la fête commence !

Étonnante cette parenthèse olympique et estivale ! Nous nous y plions, malgré nous, impuissants; même si nous ne suivons aucun des exploits sportifs tant vantés par l‘ensemble des canaux d’informations. « C’est au-delà de la beauté, de la magie », dans les rues de Paris, un enthousiasme débordant, raconte Florence Aubenas dans Le Monde du 3 août 2024.
Pourtant, dans les jours précédant cette communion olympienne, l’actualité politique française était en effervescence après ces élections législatives soudaines, chaque jour apportant un nom de premier ministre potentiel, annonçant des décrets qui seraient pris sans majorité parlementaire, analysant les alliances possibles entre les mini groupes de l’Assemblée. Et puis d’un coup, plus rien. La trêve. Circulez, y a rien à voir, plus rien à dire; on continue comme avant; on gère les affaires courantes. Sous haute protection policière et même de l’armée. Totalement infantilisés. Jusqu’à quand, Jupiter-Dagobert ?

Pas de parenthèse, par contre, pour les sept prisonniers politiques Kanaks embastillés depuis le 24 juin en France à 17 000Kms de chez eux, dont Christian Tein le responsable de la Cellule de Coordination des Actions de Terrain reçu par Macron lors de sa visite éclair en Nouvelle Calédonie. Ce président qui a saccagé tous les efforts et mesures menant cette colonie française vers l’indépendance. Selon une source bien informée, il y aurait également cinquante jeunes Kanaks enfermés en France, mais motus !

Pas de parenthèse, non plus, pour les Palestiniens de Gaza, de Cisjordanie, de Jérusalem et de l’intérieur de l’état sioniste. A Gaza, les carnages méthodiques de l’armée d’occupation sont incessants. Les Palestiniens déplacés à multiples reprises ne savent plus où se réfugier. Les lieux « sûrs » indiqués par les génocidaires sont pris pour cibles dans les heures qui suivent. La famine, les maladies, les épidémies font partie de l’arsenal militaire. Cessez-le-feu ! répètent les gouvernements occidentaux mais ils continuent à livrer des armes à cet état voyou et se taisent quand il assassine à Téhéran le responsable du mouvement de résistance Hamas, Ismaël Haniyeh, chargé des négociations en vue de ce cessez-le-feu. La France va même jusqu’à inviter à la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques le président de l’état-nation-du-peuple-juif, Isaac Herzog, auteur de la phrase « Il n’y a pas de civils innocents à Gaza ». Isaac et Ismaël ...
Haniyeh assistait à l’investiture du nouveau président iranien qui, espérons-le, mettra un terme aux innombrables peines de mort prononcées et exécutions auxquelles procède l’Iran (plus de 850 en 2023 selon Amnesty International).

Pas de parenthèse pour la politique extérieure française menée par un président pourtant désavoué un mois plus tôt. Dans une lettre adressée en juillet au roi du Maroc, Mohammed VI, E.Macron l’assure de son soutien quant à la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental ; bafouant ainsi les résolutions des Nations Unies inchangées depuis 1975 qui prévoient un référendum d’autodétermination pour le peuple Sahraoui. Contrats juteux obligent pour les chefs d’entreprises français. L’Algérie, soutien du Front Polisario (mouvement indépendantiste sahraoui), « retire » son ambassadeur de France. Exit les tentatives hypocrites macroniennes de réconciliations mémorielles avec l’Algérie.

N’oublions pas les civils innocents Yéménites, Soudanais, Burkinabés, Maliens, Ukrainiens, Libanais, Syriens, Irakiens, Comoriens, Kurdes, Ouïghours … assassinés, emprisonnés, mutilés. Ni les sans-abri chassés de la région parisienne pour ne pas gâcher la fête, les migrants retoqués dans leur demande d’asile et renvoyés chez eux, ou noyés dans la traversée de la Manche, ni les victimes des répressions policières.

La cérémonie de clôture reste, elle, inoubliable !

François-Xavier Gilles, le 14 août 2024