Israël créé par une décision de l'ONU

En jouant sur les mots, B.Netanyaou a raison : l’ONU n’a pas créé "Israël". Ben Gourion a autoproclamé l’état d’Israël le 14 mai 1948.

Mais, six mois auparavant, l’Assemblée Générale de l'ONU (et non le Conseil de Sécurité) avait décidé de créer un "état juif" et un "état arabe" sur les terres de la Palestine historique, en délimitant très précisément les frontières de chacun : 55 % pour les juifs, 45 % pour les arabes. Un régime international spécial est réservé à Jérusalem et ses environs. La résolution du partage de la Palestine est votée par 33 voix pour, 13 contre et 10 abstentions.

Les pays arabes avaient proposé auparavant deux projets de résolution qui n’ont pas été retenus:

- la consultation de la Cour Internationale de Justice pour savoir si l'Assemblée Générale de l'Onu est compétente pour partager un pays contre les souhaits de sa population (21 contre, 20 pour),

- ou bien que chaque état membre de l'Onu participe à l'accueil des réfugiés juifs proportionnellement à leur superficie et leurs ressources (16 pour, 16 contre).

C’est au cours de ces six mois, après le partage de l'ONU, que démarre le nettoyage ethnique de la Palestine : les milices sionistes puis l’armée israélienne détruisent plus de six cents villages, expulsent 800 000 Palestiniens de leurs terres et massacrent entre 15 et 20 000 Palestiniens, des civils essentiellement - la "NAKBA" pour les Palestiniens.

Ce nettoyage ethnique se poursuit jusqu'à aujourd'hui sous les yeux de cette communauté internationale officielle qui a effectivement créé cette entité sioniste au cœur du Proche- Orient le 29 novembre 1947.

Les armées arabes n’entreront en guerre qu’à partir du 14 mai 1948. Au cours de cette guerre, en l'espace d'un an, l'armée sioniste s'appropriera les trois quarts de la Palestine historique.

La création de cet état juif par l'ONU est le résultat de l'antisémitisme des pays occidentaux qui, depuis la fin du 19ème siècle, refusent d'accueillir les juifs sur leur sol. Le président du Sénat, G.Larcher, se garde bien de parler du Balfour, premier ministre britannique en 1905, qui publia l'Alien's Act limitant l'immigration juive. En France, Dreyfus ne sera blanchit qu'en 1906. Aux Etats-Unis, en 1939, Roosevelt refuse de laisser débarquer les passagers du paquebot St Louis, réfugiés juifs allemands partis de Hambourg. Son successeur, Truman, insiste pour une admission inconditionnelle en Palestine de 100 000 immigrants juifs, pour raison humanitaire; que ne les accueille-t-il sur le sol américain ! N'oublions pas l'étoile jaune, et les multiples rafles du régime français de Vichy pour envoyer les juifs dans les camps de la mort. Et combien d'autres actes et crimes antisémites ...

Pourquoi, après le génocide des juifs (mais aussi des tziganes, des homosexuels...), n'a-t-on pas accueilli avec bienveillance, sur le sol européen, les rescapés et leurs descendants ? Une façon de leur montrer notre "repentance", d'exprimer notre mauvaise conscience. Non ! Nous avons préféré continuer à favoriser le mouvement sioniste et l'immigration juive vers la Palestine, chez les Palestiniens qui n'avaient rien à voir avec les horreurs que nous avons commises. Le génocide des juifs est un faux prétexte, invoqué par G.Larcher une fois de plus et mis à toutes les sauces, pour justifier l'injustifiable : La création de l'état d'Israël.

"L'antisionisme est la nouvelle forme de l'antisémitisme", nouveau slogan du lobby sioniste relayé par Macron et consorts.

A y regarder de plus près, il semble que certains cachent leur antisémitisme derrière leur soutien inconditionnel à Israël et au sionisme.

Le front ou rassemblement national en est un bon exemple pour qui les juifs, avant les musulmans aujourd'hui, ont été des boucs émissaires ; ses militants défilent tranquillement dans les rues de Paris au côté de personnes réellement convaincues de lutter contre l'antisémitisme.

Comme le note G.Paris dans le Monde du 31 mai 2024, "l’extrême droite d’une partie significative des pays membres de l’Union européenne s’y affirme comme le soutien le plus inconditionnel de l’État hébreu"

Netanyahou et Orban s'entendent comme deux larrons en foire.

Sans parler des évangélistes américains, sionistes notoires : ils considèrent qu'une fois les juifs ("déicides", insistent-ils) rassemblés en Israël, le Messie pourra alors revenir; les juifs reconnaîtront enfin le Christ comme sauveur et se convertiront. Si ce n'est pas antisémite ...

La création de cet état juif par l'ONU est l'erreur fondamentale, le crime fondateur de la situation vécue par les Palestiniens, poussée à son paroxysme par les dirigeants fascistes actuels au pouvoir, soutenus par la presque totalité des états occidentaux qui lui fournissent bombes et munitions pour cette ignoble besogne.

Le sionisme doit être combattu pour ce qu'il est : une idéologie raciste, suprémaciste, expansionniste et guerrière.

L'avenir à très long terme donnera sans doute raison à ceux qui croient en une Palestine de la Mer au Jourdain où tous les citoyens seront égaux en droit et disposeront chacun d'une voix, quelle que soit leur origine.

Comme le proposaient les pays arabes dans leur résolution à l'ONU, chaque état membre de l'Onu aurait dû participer à l'accueil des réfugiés juifs proportionnellement à leur superficie et leurs ressources. On n'en serait pas là.

François-Xavier Gilles

24/10/2024

E.Macron : "M. Nétanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU"

B.Nétanyahou : "Ce n’est pas la résolution de l’ONU qui a établi l’État d’Israël"

G.Larcher : "Est-ce qu’Emmanuel Macron s’est souvenu de la déclaration Balfour ? Est-ce qu’il a pris conscience de ce qui s’est passé pendant la Shoah et après la Shoah ?"