"Les soldats tuent encore des enfants"

Cette petite phrase toute simple conclut le message envoyé lundi soir 4 février par notre amie Najet de Jenin à la suite de l'assassinat d'Abdullah Tawalbeh (19 ans) "de sang froid" (dixit Najet) par des soldats israéliens qui ont également blessé gravement Ahmad Abu Hananeh (16 ans). Ils habitent tous les deux Jalameh, village palestinien à 4kms au nord de Jenin où est situé un check-point frontière avec Israël. Ils étaient à moto pour "aller finir un travail de construction puis revenir à la maison" dit leur famille ; "Les soldats disent qu'ils ont jeté des bombes près du check-point".

Phrase toute simple mais d'une gravité qu'il faut sans relâche rappeler.

Bien entendu nos médias font silence, sauf un, hier matin 5 février, BFM-TV* (avec AFP):

Un Palestinien tué par des tirs israéliens en Cisjordanie occupée

Âgé de 19 ans, il a été tué à un checkpoint israélien du nord de la Cisjordanie occupée.

Un Palestinien âgé de 19 ans a été tué et un autre blessé, lundi, dans des heurts à un checkpoint israélien du nord de la Cisjordanie occupée par Israël, selon des responsables palestiniens.

De son côté, l'armée israélienne a indiqué dans un communiqué que ses soldats ont ouvert le feu sur "deux assaillants ayant lancé un engin explosif" à proximité du checkpoint situé près de Jénine, sans préciser s'ils avaient été touchés. Aucun soldat n'a été blessé, a-t-elle ajouté. 

Abdullah Tawalba, 19 ans, a été "touché par des balles réelles" et est décédé à l'hôpital de Jénine, a affirmé le ministère palestinien de la Santé dans un communiqué. Il a qualifié le jeune homme de "martyr", un terme utilisé pour désigner les personnes tuées en commettant des attaques.

Une autre personne a été légèrement blessée, selon ces sources. 

La présentation de l'information est sidérante, biaisée et mensongère.

On parle de heurts comme s'il s'agissait d'une manifestation de plusieurs personnes.

Pourquoi mettre des guillemets seulement à "touchés par des balles réelles" et non pas sur la suite et est décédé à l’hôpital de Jénine puisqu'il s'agit de la déclaration du ministère palestinien de la Santé.

Enfin un mensonge éhonté qui assimile le terme martyr à des personnes commettant des attaques.

Le site Al Assawra a publié le 2 février La liste des martyrs de la "Grande marche du retour et pour la levée du blocus" (https://assakafat.blogspot.com/2019/02/264.html): 264 palestiniens assassinés par des snipers israéliens depuis le 30 mars 2018. Razan Al-Najjar, la jeune infirmière de 21 ans, volontaire pour porter secours aux blessés, fait partie de cette liste...

L'ONG Defence for Children International Palestine a présenté un rapport en début d'année aux enquêteurs de l'ONU dans lequel on peut lire que 56 enfants palestiniens ont été tués par les forces israéliennes en 2018, dont 5 avaient moins de 12 ans... Entre 2000 et 2014 Israël a tué en moyenne un enfant palestinien tous les trois jours pendant quatorze ans. Ramona Wadi, rédactrice au Middle East Monitor qui rapporte ces faits, conclut : Les enfants palestiniens tués par Israël depuis de nombreuses années, l’an dernier y compris, le monde entier les a oubliés.

Et comme tout se tient, le Ministère israélien des Affaires Stratégiques et de la Diplomatie Publique, créé principalement pour lutter contre le mouvement BDS, Boycott – Désinvestissement – Sanctions qui prend de l'ampleur, se permet de publier en janvier un rapport de 34 pages à l'intention des gouvernements européens pour les inciter à supprimer les subventions des ONG qui osent critiquer Israël et appellent au Boycott.

Évidemment, Defence for Children International Palestine, mentionné ci-dessus, est répertorié dans la liste de ces ONG, mais aussi le CCFD-Terre Solidaire, seule organisation française – pour l'instant - dans leur collimateur ! (voir p.5 du rapport et p.29 pour les détails sur le CCFD)

Israël cherche à museler toute contestation à l'intérieur comme à l'extérieur et va même jusqu'à condamner ceux qui filment ses soldats en action. Israël instille dans sa population depuis 70 ans la peur de l'arabe. Mais le gouvernement d'Israël semble se prendre au jeu et prendre peur lui-même, non pas de l'arabe, mais de la véritable image qu'il donne de lui-même.

Ils est donc impératif de rapporter encore et encore ce qui se passe réellement, et de dénoncer ces criminels de guerre, sans guillemets, et de les amener devant la justice pour qu'ils répondent de leurs crimes. Nous, société civile, en avons certainement les moyens.Il est urgent de les mettre en action.

Sinon les soldats tueront encore des enfants ; ils continueront de les assassiner tant que la majorité des citoyens ne dira pas stop à cet état voyou créé de toute pièce par les états occidentaux pour ne pas avoir voulu accueillir sur leur sol les juifs persécutés en Europe et pour posséder un avant poste, une tête de pont dans cette région pleine de ressources et la réglementer à leur guise.

Fx Gilles, le 6 février 2019

*BFM-TV est détenu depuis 2015 par Altice France, une multinationale spécialisée dans les télécommunications et les réseaux câblés, dont le président-fondateur, Patrick Drahi, est un homme d'affaires et entrepreneur franco-israélien.

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