Le 29 NOVEMBRE 1947,
une erreur a été commise:le partage de la Palestine. Les Israéliens doivent la reconnaître. Un homme - Une voix |
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Palestine, l'horreur au quotidien Notre silence les tue! Israël avance tel un rouleau compresseur: il ne s'arrête pas; il accélère. Le quartier musulman de
la vieille ville de Jérusalem est envahi de drapeaux israéliens au
premier étage des maisons toujours plus nombreuses à être
colonisées. Jérusalem, Jérusalem-Est
n'a toujours pas de statut défini; ses habitants palestiniens, 450
000 personnes, sont des résidents temporaires au milieu desquels
vivent illégalement 195 000 colons, en perpétuelle augmentation. Si
tu laisses ta maison plus de trois ans inoccupée, alors la loi
israélienne autorise sa confiscation. Sans compter les
intermédiaires palestiniens collaborateurs qui traficotent dans la
vente des maisons... Maram, une jeune femme
palestinienne de 24 ans, enceinte et mère de deux enfants, en avait
obtenu un de ces laisser-passer, pour la première fois de sa vie. Le
mercredi 27 avril, venant de son village de Beit Surik voisin, elle
s'est avancée au check-point de Qalandiya en empruntant innocemment
l'accès réservé aux voitures; elle ne comprenait pas l'hébreu,
langue dans laquelle les soldats lui ordonnaient de loin de
rebrousser chemin. Les soldats l'ont assassinée. Son frère Ibrahim,
16 ans, qui l'accompagnait et qui a tenté de lui porter secours a
été abattu lui aussi. Quinze jours plus tôt,
le jeudi 12 avril, un ami palestinien de Beit Ummar, avec qui nous
avons organisé une partie du séjour pour notre groupe de français
qui découvrent la Palestine pour la première fois, me téléphone:
"Nous avons prévu une visite au camp de réfugiés d'Al Aroub
avec ton groupe la semaine prochaine; un homme d'une cinquantaine
d'années vient de se faire descendre par un soldat israélien à
l'entrée du camp! Ce serait bien que vous puissiez venir aux
funérailles, par solidarité. Je te préviens dès que l'armée aura
rendu le corps". Ibrahim
Baradiya, 54 ans, vivait seul avec sa sœur dans une
maison misérable du camp de réfugiés (12000 personnes sur un quart
de km2!). Il avait une toute petite boutique
d'alimentation dans sa maison; elle ne donnait même pas sur la rue.
Sa sœur était malade, Ibrahim s'en occupait; mais sa mort a
accentué ses perturbations mentales; elle est à l’hôpital. Je suis retourné dans le
camp, ayant proposé de faire une vidéo pour témoigner des
conditions de vie. Il m'a alors été dit que les circonstances
restent floues; les militaires sont perpétuellement présents aux
trois entrées du camp; un mirador (une tour en béton) surveille
deux des entrées, une barrière métallique tournante contrôle la
troisième. La veille, Ibrahim serait rentré par l'entrée obstruée
par des blocs et uniquement accessible aux piétons. Il aurait été
battu par un soldat. Le lendemain s'approchant de ce même soldat à
nouveau présent, celui-ci lui a tiré dessus. Dix neuf camps de réfugiés comme celui-ci existent en Cisjordanie. La densité de la population ainsi que le chômage atteignent des taux vertigineux. L'Unrwa, organisme de l'Onu qui gère les camps de réfugiés palestiniens voit ses crédits réduits à peau de chagrin et ne dispense plus de nourriture comme autrefois. Aux familles les plus déshéritées (vraiment dans le dénuement le plus complet), l'Unrwa versent 130$ par mois. Pour les plus chanceux, elle réussit à procurer un petit travail (type surveillant, employé d'accueil, formation), pour trois mois par an avec un salaire de 420$ mensuel. Les maisons dont les fondations avaient été prévues dans les années 50 pour un rez de chaussée uniquement, s'élèvent aujourd'hui sur 3 ou 4 étages (il est interdit de construire à l'extérieur du camp). A Al Aroub, située dans une vallée, les inondations sont fréquentes et les habitants craignent les éboulements; quatre écoles tenues par l'Unrwa mènent aux baccalauréat.
A Al Khalil (Hébron),
avec l'ensemble du groupe, nous visitons la vieille ville. En 1994, la ville a été
partagée en deux zones, dites H1 et H2, après qu'un médecin fou,
un certain Baruch Goldstein, a assassiné 29 palestiniens à
l'intérieur de la Mosquée d'Abraham. La mosquée a alors été
partagée en deux pour en donner la moitié aux colons qui y ont
aménagé une synagogue! Le périmètre de la synagogue est interdit
d'accès aux palestiniens. La vieille ville a également été
partagée; une partie est partiellement interdite aux Palestiniens,
mais de façon peu claire: elle est contrôlée par des check-points
par lesquels doivent passer les palestiniens qui se rendent dans des
zones autorisées de cet imbroglio: notamment les enfants qui vont le
matin dans leur école palestinienne encore située dans cette partie
et en reviennent le soir. Ce jour là, nous
arpentons la fameuse Shuadat Steet, en compagnie de l'ancien préfet
maritime de Loire Atlantique qui fait partie d'une de ces
organisations humanitaires de protection des enfants et qui est là
pour trois mois. Nous retournerons sur ces
lieux deux jours plus tard pour rendre visite à Nisreen
Azzeh, la veuve d'Ashem. Le
Consul français de Jérusalem, rencontré à notre demande quelques
jours plus tard, nous conseillera de porter plainte auprès du
commissariat d'Hébron; quant à lui, il ne peut que "poser la
question à Paris", nous dit-il, pour éventuellement donner une
suite au fait que l'armée ou la police israélienne n'a pas protégé
une ressortissante française face à l'agression d'une israélienne. J'ai aussi dans ma tête les images de cette jeep de l'armée israélienne plantée en travers de la route menant à Kafr Kaddum (dans le nord, près de Naplouse) et dont les soldats sont en train de déployer une herse; elle est destinée à empêcher les voitures d'atteindre ce petit village qui organise chaque vendredi une manifestation pacifique contre la fermeture de leur route qui les conduisait à Naplouse en un quart d'heure mais qui a le malheur de passer près de la colonie illégale Qadumim (Ils volent même le nom!). Mais
aussi, ce mur qui entoure complètement la grande ville de Qalqiliya,
devenue prison, (Mustapha Barghouthi la compare au guetto de
Varsovie); avec ces portes-barrières et ces passages étroits
délimités par des grillages ou barres de fer par lesquels doivent
passer les travailleurs palestiniens tous les matins, dès 4h, en
faisant la queue comme des bêtes menées à l'abattoir. Ils sont
obligés de passer par là pour aller travailler en Israël, pour
ceux qui ont un permis. Mais aussi Tulkarem, autre grande ville, dont la zone industrielle israélienne, principalement de produits chimiques, jouxte le mur et que les patrons israéliens arrêtent quelques jours par an, quand le vent souffle vers l'Ouest, pour ne pas indisposer les israéliens. Les cultures et maisons palestiniennes, situé à l'est de l'autre côté du mur, ne font pas l'objet de tels égards. Mais aussi à Um Al Kher, petit village bédouin, en lisière de la colonie illégale Karmel, dans les collines du sud d'Hébron, cette femme qui pleure dès notre arrivée et hurle qu'elle en a ras le bol des appareils photos et de ces internationaux qui viennent et repartent. Il y a un mois les bulldozers israéliens sont à nouveau venu écraser trois maisons. Ces maisons sont toujours là par terre non reconstruites: "Personne ne nous aide; mais que faites-vous? A quoi elles servent vos photos? Toutes les nuits, les colons d'à côté s'amusent à me jeter des pierres sur le toit en tôle de ma maison! Une fois l'armée a même enlevé nos toilettes extérieures sous prétexte qu'elles étaient en zone C!" Pendant ce temps là, Karmel continue de s'étendre au milieu d'arbres venus d'ailleurs, incongrus dans ce paysage, et de piscines privées. Juste à côté, sous des toits blancs rutilants, des immenses étables abritent des milliers de têtes de bovins: colonies agricoles. Mais
aussi, cette petite fille de 12 ans, du village d'Halhoul, qui
voulait rejoindre sa mère dans les champs en traversant par erreur
les terres d'un colon et qui a été accusée d'agresser au couteau
ce colon: deux mois de prison en Israël dans un centre pour mineurs,
garçons et filles, mais inclus dans une prison au milieu de femmes
détenues pour tout un tas de raisons, dont "des droits
communs". Marquée à vie. Mais aussi, cette route qui relie sur 4kms le petit village d'Al Jaba à la grosse ville de Surif: coupée par des blocs de béton, au carrefour où elle croise celle allant de la colonie illégale de Gush Etzion au check-point entrant en Israël. Les habitants de Al Jaba doivent descendre de voiture au croisement, traverser la route coloniale puis marcher cents mètres dans la poussière et attendre de l'autre côté un éventuel taxi ou minibus qui les conduira à Surif pour faire les courses ou au collège pour les étudiants. Même chose au retour. Nous sommes restés 10 minutes à observer la situation, sur la route coloniale. Immédiatement trois militaires venus à pied à travers la campagne nous intiment l'ordre de repasser de l'autre coté des trois malheureux blocs. Discussions, téléphone, nous repassons de l'autre côté des blocs, puis vite arrêtés à nouveau; ce sera une jeep de l'armée puis un véhicule de la police qui viendront sur les lieux; la police nous demandera nos passeports, les enregistrera "au cas où quelque chose surviendrait ici dans la journée"???!!! Mais aussi Abu Sakr, dans le nord de la Vallée du Jourdain, dans son campement de fortune qui persiste à rester sur sa terre après les démolitions subies en novembre dernier, survenant après six autres depuis 2001. Les restes du carnage sont encore bien visibles. Il continue à cultiver avec amour sa terre et nous fait l'honneur de la visite de son lopin planté d'arbres fruitiers arrosés avec de l'eau achetée à prix d'or à la société israélienne monopolistique Mékorot et amenée par une citerne tirée par son tracteur. Il ne lui reste plus qu'une soixantaine de moutons sur les 700 qu'il avait autrefois. Beaucoup sont morts mais nombreux sont ceux qui ont été empoisonnés par les colons d'alentours qui convoitent sa terre et font tout pour l'en chasser. La démolition de novembre est portée devant les tribunaux militaires israéliens. Une enquête est en cours pour laquelle il doit fournir un maximum de documents. Le jugement devrait avoir lieu fin mai-début juin. "Je ne partirai pas, dit-il; s'il le faut je creuserai dans le sol pour abriter ma famille." Ce qu'il s’apprêtait à faire en novembre dernier, lorsque les soldats israéliens un soir sont venus lui arracher la bâche en plastique sous laquelle sa famille s'abritait pour se protéger de la pluie dans froid glacial après que ces même soldats ont démoli tout son campement, sauf les panneaux solaires donnés par une Ong internationale; sans commentaire... C'est sans fin...et je ne parle pas du vol de l'eau, des coupures d'électricité volontaires, du déplacement de populations, des plasticages de maisons, des transports en commun séparés, de la présence provocatrice des colons sur l'esplanade des mosquées, de l'interdiction des hommes musulmans de moins de cinquante ans de se rendre à la Mosquée Al Aqsa le vendredi pour la prière, des gaz lacrymogènes et balles réelles tirés contre des manifestants pacifiques aux mains nues, des check-points volants et de bien d'autres barbaries exécutées sans raisons apparentes, si ce n'est celle d'user l'autre, de le faire mourir à petit feu. Interminable... Tout
ceci peut paraître inventé, exagéré tellement c'est incroyable.
L'apartheid est sous nos yeux, l'épuration ethnique en marche,
pratiqués par un état qui se dit démocratique mais qui utilise les
mêmes méthodes qu'un autre état dit nazi, réprouvé haut et fort
par la communauté internationale. Bien
sûr, les médias occidentaux ne mentionnent jamais ou que très
rarement cette horreur vécue quotidiennement par la majeure partie
du peuple palestinien de Palestine (Cisjordanie+Gaza). Beaucoup de nos propres élus et dirigeants politiques sont au courant de la situation réelle sur le terrain. Les consuls des pays européens à Jérusalem rédigent des rapports très détaillés sur tout ces faits, tous les ans; ils demeurent lettres mortes. Nos associations ne cessent de les informer, de les mettre en garde. Ils ne font rien. Pourquoi? L'Ocha, organisme de l'Onu pour la coordination des affaires humanitaires, dont l'antenne dite des "Territoires Palestiniens Occupés" est située à Jérusalem-Est, publie de magnifiques rapports et des cartes géographiques faisant état de la Ligne Verte, actualisant le tracé du mur, le vol des terres, la construction de colonies, mentionnant tous les check-points, les murs de terre, les tranchées creusées par les colons pour empêcher les troupeaux palestiniens de paître sur leurs propres terres, et j'en passe. Israël s'assied sur le droit international; Israël le bafoue avec la complicité des dirigeants du monde entier, à commencer par l'Onu; et Israël demeure impuni. Bien au contraire, les relations bilatérales ne cessent de faire flores. "L'Onu
a failli en 1947", comme l'a dit Majed Bamya, homme politique
palestinien jeune et fougueux, devant plus de 300 congressistes
grisonnants de l'Association France Palestine Solidarité. Pierre Stambul, co-président de l'Union Juive Française pour la Paix parle de "crime fondateur" au sujet du partage de la Palestine en 1947. J'emploie depuis longtemps le mot "erreur fondamentale" qu'il faudra bien que la communauté internationale reconnaisse, à commencer par les Israéliens, en effectuant un travail psychologique au très fond d'eux-même et parvenant à créer des commissions de réconciliation comme en Afrique et ailleurs. Les Palestiniens, eux, sont bien en résilience depuis 60 ans et même davantage! Ce n'est sans doute pas demain la veille, mais il n'y a sans doute pas d'autre solution raisonnable que celle de voir vivre ensemble, sur cette terre de Palestine dite historique, tous les habitants actuels, ainsi que les réfugiés extérieurs, ayant chacun les mêmes droits en s'appuyant sur le postulat "un homme=une voix". Les
citoyens ordinaires, le peuple occidental, et certainement une bonne
partie du peuple israélien, ne savent pas. Parlons,
racontons, témoignons. Nous ne sommes pas des terroristes, nous
disons la vérité, ce que nous avons vu, de nos yeux, sans
fioritures, tel que! Oui, sur la fresque peinte sur ce mur de la honte à Bethléem, montrant un seul enfant d'un côté du mur tenant un cerf-volant au couleur de la Palestine et, de l'autre côté de ce mur, plusieurs enfants tenant chacun un cerf-volant aux couleurs des drapeaux des pays de l'occident – Oui, la phrase inscrite en arabe est terrible: Votre silence nous tue Fx Gilles, le 11 mai 2016 Lu à postériori un article d'Ilan Pappe, du 5 mai 2016, traduit par Vectranslation Extrait: Le sionisme n’a pas été le remède au pire épisode antisémite qu’a vécu l’Europe : l’Holocauste. Le sionisme n’a pas été la bonne réponse à cette atrocité. En réalité, lorsque les dirigeants européens ont apporté leur soutien au sionisme sans l’ombre d’une hésitation, leurs motivations étaient bien souvent antisémites. Comment expliquer autrement que l’Europe n’ait rien fait alors que le régime nazi exterminait les juifs et qu’elle ait demandé pardon en soutenant un nouveau plan visant à se débarrasser des juifs en les envoyant coloniser la Palestine ? Rien de surprenant à ce que cette logique absurde n’ait pas mis un terme à cet élan antisémite. Elle l’a plutôt entretenu. Mais cette histoire appartient au passé. Les colons juifs et les Palestiniens indigènes partagent un territoire et continueront de le faire à l’avenir. La meilleure façon de lutter contre l’antisémitisme aujourd’hui consiste à faire de ce territoire un État libre et démocratique reposant autant que possible sur des principes économiques, sociaux et politiques justes et équitables. Il s’agira d’une transformation complexe et douloureuse de la réalité sur le terrain dont la mise en œuvre prendra peut-être des décennies. Mais il est urgent de commencer à l’évoquer clairement, sans peur, sans apologétique inutile ni fausse référence à la realpolitik. (Lire la totalité de l'article) |
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