Le 29 NOVEMBRE 1947,
une erreur a été commise:
le partage de la Palestine.

Les Israéliens doivent la reconnaître.

Un homme - Une voix
  (Site édité par François-Xavier Gilles)
Voyage en Palestine 2019
 

Mardi 23 avril

Najet et Bassem nous ont réservé l'appartement de la mère de Najet juste au-dessus du leur dans le Camp de Réfugiés de Jenin. Il est situé à mi-hauteur de la colline qui héberge le camp (16 000 habitants sur 0,5km2), dans un quartier où vivent ses trois sœurs et de nombreux cousins. Le père de Najet, Palestinien du village d'Al-Mansi situé dans les territoires de 1948 (Israël aujourd'hui) d'où il a été chassé, s'est réfugié avec sa famille dans la région de Jenin puis s'est établi en 1953 dans ce camp de réfugiés créé par l'Unrwa (organisme de l'Onu). Il s'est expatrié dans les années 60 en Algérie comme coopérant professseur d'arabe au moment de l'arabisation intense après l'indépendance. Il a rencontré son épouse en Algérie où sont nés six enfants. Najet est donc algérienne. Elle est venue temporairement en Palestine deux fois avec sa mère, ses sœurs et ses frères (son père n'étant pas autorisé à y rentrer) au début des années 90; en 1997 toute la famille a décidé de s'installer en Palestine son père ayant l'autorisation de les accompagner après les accords d'Oslo . Il est décédé 11 jours après son retour et n'a jamais revu Al-Mansi. Al-Mansi est situé à 30kms de Haïfa et de Jenin, de l'autre côté du mur. Najet rencontre alors Bassem, Palestinien du camp; ils se marient. Ce n'est qu'en 2008 qu'elle a pu obtenir la nationalité palestinienne. Les deux frères de Najet n'ont jamais eu l'autorisation de vivre en Palestine. Pourtant l'un des deux est marié avec la sœur de Bassem, Palestinienne; ils vivent en Jordanie. L'autre frère est retourné en Algérie.

Marwan, qui devait nous faire visiter Sébastia, nous annonce qu'il a changé de programme, sans beaucoup plus d'explications. Inutile de poser des questions qui sans doute le gêneraient. Il nous propose de visiter le Centre de prothèses du Camp dont il est un des administrateurs bénévoles. Ce Centre est particulièrement réputé dans tout le nord de la Cisjordanie. Les patients viennent de loin pour diagnostique, prise charge et suivi. Les prothèses y sont fabriquées sur place, autrefois de manière artisanale, mais aujourd'hui à la pointe de la toute dernière technologie grâce à l'acquisition d'un appareil fabriqué en Espagne piloté par un ordinateur et qui reproduit le membre à remplacer (le négatif) au moyen d'un gros foret creusant dans de la mousse fixée sur un tour. Pour piloter l'appareil, l'ordinateur utilise l'image en trois dimensions de la morphologie du patient prise par un scanner portable. Le plastique de la prothèse, entourant le négatif, sera rétreint dans un four. C'est ce que j'ai cru comprendre ; merci aux spécialistes de ne pas m'en vouloir pour le vocabulaire utilisé et les inexactitudes.

L'Unrwa a financé une grosse moitié de ce projet, mais a précisé au Centre qu'il devait s'estimer chanceux car dorénavant l'Unrwa n'aurait plus la possibilité de subventionner à une telle hauteur : arrêt du financement americain de l'Unrwa décidé par Trump l'année dernière.
Marwan travaille à Ramallah au ministère de la Jeunesse et des Sports. Mais pendant de nombreuses années, il était basé à Al-Farah, gros bourg situé à une trentaine de kilomètres au sud de Jenin. Il participait à la gestion d'un centre sportif gouvernemental qui accueille collégiens, lycéens et étudiants mais également des groupe d'adultes ou d'internationaux pour des entrainements sportifs ou stages. Terrain de foot, gymnase, piscine en construction, et tout un équipement hôtelier simple mais très correct dans un cadre et un calme stupéfiant.
Il a tenu à nous montrer ce Centre pour son histoire qui commence en 1934, sous le mandat britannique.
Les anglais construisent alors treize centres de détention à l'identique en Palestine, dont un à Al-Farah, pour y détenir des Palestiniens qui luttent contre l'occupation britannique alors que les anglais leur avaient promis leur indépendance s'ils s'alliaient à eux contre l'empire ottoman lors de la première guerre mondiale. Après le départ des britanniques en 1948, la Jordanie qui avait autorité sur la Cisjordanie a continué à l'utiliser en centre détention à l'encontre des Palestiniens qui refusaient la ligne de cesser le feu décrétée en 1949. Lors de l'invasion de la Cisjordanie par Israël en 1967, le centre de détention passera sous le joug de l'armée israélienne qui ne se privera pas de l'utiliser. De1980 à 1987, sous Sharon, les Palestiniens le surnommeront "la boucherie". Un des membres de la direction du Centre sportif, présent lors de notre visite, nous précisera qu'il y a été détenu par trois fois lors de la période israélienne.
Ce n'est qu'après les accords d'Oslo que l'OLP le transformera en ce qu'il est aujourd'hui avec le soutien financier des Etats-Unis. Un accord sera signé par les américains dans lequel le Centre sportif porte le nom de Salah Khalaf, nom du combattant Abu Iyad. Quand les américains se rendront compte plus tard qu'Abu Iyad était présumé avoir fomenté l'attentat de Munich en 1971, ils voudront changer le nom du Centre ; les Palestiniens s'y opposeront en arguant du fait que le nom se trouve dans des accords signés sur lesquels il est impossible de revenir. Marwan nous précise qu'Abu Iyad fut un des premiers à proposer des messages de paix et notamment "joue un rôle essentiel dans l’élaboration du programme de 1968 proposant aux Israéliens qui rompraient avec le sionisme d’édifier avec eux un État démocratique multiconfessionnel sur toute la Palestine" (Wikipédia – Salah Khalaf).
Le Centre conserve en témoignage du passé les cellules d'un mètre sur trois dans lesquelles trois prisonniers étaient incarcérés ainsi que la petite cour où les détenus restaient plusieurs jours attachés sur des blocs de ciment sous le soleil ou dans le froid.

Al-Farah est situé à mi-chemin entre Jenin et Naplouse où Marwan nous offre à déjeuner avant de visiter le souk situé dans la vieille ville magnifique.



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Arrivée à Jérusalem