Samedi 4 mai

Comme prévu la veille, nous sommes à peu près à l'heure pour rencontrer Khaled Awad dans les locaux de son Association pour la préservation de l'héritage non loin de notre logement; grâce à un Palestinien à qui nous demandons notre chemin, qui nous accompagne et restera avec nous pendant une bonne partie de la conversation avec Khaled dans le petit jardin.

Khaled est avant tout écrivain ; il recherche des photos sur la période avant 1948 ("la période postérieure est plus délicate, plus compliquée..., nous sommes en Israël"); il restaure les photos et en écrit l'histoire. Il nous offre deux magnifiques livres: un trésor ! Il aimerait que ses livres soient traduits en anglais, en français... mais il est difficile de trouver un éditeur et surtout cela coûte cher.

Il expose dans ses locaux tout un tas d'objets d'époque particulièrement intéressants. Dans un petit réduit au rez de chaussée, des documents anciens préservés dans des rouleaux de cartons à l'abri de la poussière et du salpêtre. Et puis à l'étage, son bureau rempli de bouquins dont celui de Walid Khalidi (All That Remains) et son ordinateur contenant toutes ses photos remarquablement classées.

Zir'in 1866 – Alsebat Association (Khaled Awad) and Palestinian Exploration Fund in London

Serions-nous d'accord pour venir avec lui à un "festival" (dans le sens commémoration) le 9 mai pour l'anniversaire de la Nakba ? Il y tient un stand où il vend ses livres. Évidemment nous sautons sur l'occasion ! Jusqu'à présent, dans les villages palestiniens ou les quartiers palestiniens de Nazareth, aucun drapeau de la Palestine, la plupart des panneaux de direction verts sur les grands axes routiers ne mentionnent que les villes, villages, colonies israéliens. Une carte de la Palestine historique, recouverte du drapeau palestinien et peinte sur un recoin d'un vieux mur, est cachée dans les hauts de la vieille ville. Khaled nous dit que la fresque, dans la rue 100m plus bas, qui parle de la Nakba, a été effacée cinq fois.

Alors, un festival pour la Nakba en Israël, ça ne se manque pas.

Pour assurer le quotidien , Khaled est guide dans Nazareth. Nous nous reverrons bien sûr le 9 mai ; il souhaite ensuite voir avec nous comment contacter un éditeur et assurer la traduction de ses écrits. Merci à ceux qui ont des idées, des contacts de se faire connaître. Je pourrai leur envoyer des scans de quelques pages de ses très beaux livres.

Avant de partir quelques jours à Al-Khalil (Hébron) où une amie française nous prête son appartement, nous passons un après-midi et la soirée à Al-Hadidiya dans la Vallée du Jourdain chez Abu Saqr, notre cheikh bien aimé... Que d'émotions dans les retrouvailles ! Nous n'avons pas annoncé notre visite mais il stoppe immédiatement son tracteur avec lequel il partait s'approvisionner en eau, nous offre un kawa ; son terrain planté d'arbres fruitiers s'agrandit, il est magnifique. A la tombée de la nuit son épouse nous offrira un excellent makloubé... La colonie d'à côté s'étend elle aussi et cherche à le chasser. Les militaires israéliens le surplombent toujours du haut de la colline. Mais il résiste, il résiste, il est toujours là lui aussi, sur SA terre!

Le séjour à Al-Khalil nous permettra de revoir nos amis de Beit Ummar, de rendre visite à "la filleule" de Najoua, de retourner à Isfey Al Fauga dans les collines au Sud d'Hébron où des familles palestiniennes vivent dans des grottes, d'assister le 15 mai à la grande manifestation de la commémoration de la Nakba ; également de rencontrer Julie Dussaux au Consulat de Jérusalem pour parler de projets futurs après la signature d'un accompagnement renforcé entre le Département de la Savoie et le Comité Populaire du Camp de Réfugiés de Jenin : Vaste programme...

Prochain épisode : Festival pour la Nakba, à Kubbeizi, village entièrement rasé par l'Irgun (milice armée sioniste avant la création d'Israël, puis intégrée dans l'armée israélienne). Nous ferons un aller-retour Hébron Nazareth spécialement pour l'occasion.