Du jeudi 6 au vendredi 14 juin

Quelques jours de silence épistolaire... Mais que de découvertes, de rencontres; enrichissantes, émouvantes, révoltantes aussi bien sûr.

Nous les gardons pour nous pour l'instant et essaierons d'en faire une synthèse sous forme de film à notre retour.

Les commerçants de Nazareth commencent à nous connaître; certains posent des questions sur les raisons de notre séjour. Um al Fahm, ville palestinienne particulièrement importante, ne semble pas avoir l'habitude de voir des "touristes"; Dans la pharmacie flambant neuve "Odett's Pharm", le pharmacien engagera la conversation avec Danièle ce qui entrainera une succession de faits inimaginables pour moi en France.

L'homme du kibboutz, rencontré lors de la 22ème Marche du Retour à Kubbeizi, nous laisse toujours aussi perplexes : toujours pas de rendez-vous avec lui. Mais nous restons en contact par mail ou sms ; grâce à lui, nous rencontrons et rencontrerons des personnalités d'horizons très divers.

L'amie de Kamar et Basem que nous avions contactée par téléphone au début de notre séjour s'avère être la femme d'un responsable de l'association israélienne "Zochrot", partenaire de la manifestation à Kubbeizi. Deux heures d'entretien avec lui à Tel-Aviv d'une richesse... Cette rencontre permettra une prise de contact avec l'Ujfp (Union juive française pour la paix), que Zochrot ne connaissait pas !

En sortant, notre voiture a disparu. Effectivement un panneau interdiction de stationner domine au-dessus de l'endroit où elle était garée, comme d'autres véhicules. Pas vu. Heureusement le parking de la "fourrière" se trouve à cinq minutes ; un israélien traduit en hébreu notre situation par l'interphone du parking. Règlement de l'amende à la caisse automatique et nous voilà repartis...

Nous sommes retournés à Ijzim avec Marwan comme il nous l'avait promis. Il a réussi à obtenir une permission : trois jours, de 8h à 22h chaque jour ; ce qui signifie qu'il doit rentrer tous les soirs en Cisjordanie (Jenin en l’occurrence) et n'a pas le droit de dormir en Israël... Il choisit la journée de vendredi. Le check-point ferme à 19h. Nous y arriverons à 19h30 où une vingtaine de personnes, en retard comme nous, attendent une éventuelle ouverture selon le bon vouloir de l'armée.

En cette période l'Aïd, Israël délivre davantage de permis que d'habitude pour que les Palestiniens puissent rendre visite à leur famille, profiter des joies de la mer à Jaffa, Haïfa, Acre. En plus des 110 000 permis annuels délivrés aux travailleurs palestiniens, 85 000 permis à cette occasion ; pour une population de presque 3 millions d'habitants. Marwan n'a jamais fait de prison...

A 21h, les palestiniens devant les grilles sont plus d'une centaine : hommes, femmes, enfants, bébés. Tous ont une feuille précisant 22h. Une jeep de l'armée se fraye un passage au milieu de la foule ; trois soldats en sortent pour ouvrir les grilles.

Une bonne poignée de main à Marwan dont la voiture se trouve de l'autre côté.

Hier, en revenant de Jenin après des réunions avec les représentants des principales associations du camp de réfugiés, pour la première fois nous avons traversé ce check-point sans reniflement de chien ni scan de sacs à dos et téléphone, simplement après réponses aux questions habituelles : "Que faisiez-vous à Jenin ?" - "Nous étions à Ramallah, nous avons seulement traversé Jenin".