Festival à Kubbeizi : 22ème Marche du Retour.

Les Palestiniens de 48 commémorent la Nakba chaque année sur le site d'un village détruit. Cette année, c'est à Kubbeizi, situé à mi distance entre Nazareth et Haïfa. Nous suivons Khaled et sa fille en voiture ; ils doivent arriver un peu en avance pour installer leur stand de livres. Ca nous permettra de rencontrer quelques personnes avant l'arrivée des "festivaliers".

Face à la scène, en demi-cercle, des rangées de chaises innombrables... Tant de monde est-il attendu ? Elles seront toutes utilisées.

Nous sommes très gentiment pris en charge par un Palestinien dont la famille vivait à Kubbezi depuis des lustres. Il nous présentera à plusieurs personnes auprès de qui nous pourrons réaliser des interviews vidéos. Deux sont entièrement en arabe mais notre hôte nous assure qu'il y a en France beaucoup de personnes qui pourront assurer la traduction... (Sans doute sera-t-elle faite plus tôt ici en Palestine). Malgré les règlages de la sono en cours, les propos sont compréhensibles.

Vers midi, une quarantaine de cars entiers et un nombre impressionnant de voitures se garent sur le parking : Un flot de drapeaux palestiniens se dirige vers le lieu central. Selon les chiffres annoncés en fin de journée, 2 à 3 mille personnes. La mémoire est bien vivante.

Ferveur, recueillement, émotion, écoute, joie, liesse; des gens de tous âges, essentiellement des jeunes. Toutes les familles présentent ici, nous dit-on, sont originaires d'un des 530 villages détruits en 1948.

La brochure précise que le kibboutz Gal ed situé derrière la colline a été construit en 1945 à côté du village de Kubbeizi ; les rapports entre Palestiniens et les habitants du kibboutz étaient cordiaux. Au début de l'année 1948, les Palestiniens sont restés dans leur villages pensant que le kibboutz les protègerait. Quand la pression de la Haganah s'est faite plus forte, il n'en a rien été, la habitants de Kubbeizi sont partis. La milice armée sioniste a alors détruit la majeure partie des maisons. Quand elle a appris que des Palestiniens, hébergés dans le kibboutz, risquaient de revenir sur leurs terres, elle a décidé alors de tout raser. Il ne reste plus rien.

En mars 2011, la loi Nakba est votée par la Knesset, le parlement israélien; son objectif est clairement d’empêcher que la Nakba soit étudiée et reconnue en Israël. On menace les organisations qui reçoivent des subventions du gouvernement de les voir diminuer si elles commémorent la Nakba le Jour de l’indépendance. Les professeurs craignent que leur carrière puisse être compromise s’ils participent à des manifestations, actions ou même s’ils mentionnent la Nakba. Extrait de l'article Israël et la Nakba, de la reconnaissance au déni d'Eitan Bronstein Aparicio et Eleonore Merza Bronstein

La police israélienne était présente à l'entrée du chemin de terre menant au site du festival mais n'effectuait aucun contrôle. La commémoration a eu lieu le 9 mai, qui n'est pas le jour de celle de l'"indépendance".

L'association israélienne Zochrot qui milite pour le droit au retour des Palestiniens sur leurs terres était partenaire.

Un homme d'une quarantaine d'années, style européen, m'a abordé à notre arrivée. Il vit dans le kibboutz Gal Ed, derrière la colline, depuis une vingtaine d'années. La raison de sa présence ? Il dit se sentir concerné par le problème. "D'autres personnes de votre village ("kibboutz", rectifie-t-il) sont-elles présentes ? - Non je suis le seul." (Son interview sera disponible un peu plus tard).

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