Le 29 NOVEMBRE 1947,
une erreur a été commise:
le partage de la Palestine.

Les Israéliens doivent la reconnaître.

Un homme - Une voix
  (Site édité par François-Xavier Gilles)
Voyage en Palestine 2019
 
Mercredi 29 mai
Nous les avons rencontrés, samedi 25 mai sous un arbre à Al-Mansi, en train de cueillir des "touts", sorte de framboises allongées excellentes pour le foie, paraît-il.
Là encore, en cherchant à tâtons ce village détruit proche de Lajjun, nous nous arrêtons près d'eux en lisère d'une forêt de pins pour leur demander si nous sommes à Al-Mansi. "Oui, Al-Mansi, mais pourquoi ?" Et d'expliquer à nouveau très progressivement les raisons de notre venue ici.
Lui s'appelle Ibrahim, elle Khulud.
Leurs familles respectives habitaient là jusqu'en 1948 ; ils viennent fréquemment sur ces lieux; ils y trouvent fruits et herbes de toutes sortes. "Venez, nous allons vous montrer, suivez nous en voiture". A travers des chemins de terre cabossés nous avançons lentement dans la forêt de pins où il ne reste plus rien si ce ne sont quelques tas de pierres disséminés par çi, par là. En haut de la colline, nous stoppons ; Ibrahim nous emmène sous les pins : "Après la destruction, les juifs ont planté des pins partout ; voilà ce qu'il reste, ces tas là... - Puis-je enregistrer notre conversation avec ma caméra ? - Non je ne préfère pas". Ibrahim est un peu comme un "haut fonctionnaire" à Um Al Fahm, il a 50 ans, et sa vie professionnelle n'est pas finie. (Les prénoms sont changés). Un 4x4 à gyrophare s'arrête en haut sur le chemin ; échanges de loin en arabe avec Ibrahim ; nous remontons, ils s'expliquent. Deux hommes en civil patrouillent. On sent une conversation tendue. Ibrahim nous dira après leur départ que "les arabes ne sont pas bien accueillis dans ce genre de lieu". Il doivent repartir, nous restons encore un peu pour prendre quelques vues. Ibrahim nous laisse son numéro de téléphone; "appelez moi, vous viendrez à la maison, nous parlerons, vendredi éventuellement pour l'iftar (rupture du jeûne)".
Après leur départ, un autre 4x4 du même style que le précédent s'arrêtera à notre hauteur :"Tout va bien ?"

Ce mercredi, j'envoie un Sms à Ibrahim comme convenu ; il me rappelle immédiatement : Un de ses fils (ils ont trois garçons) participe ce soir à l'Iftar organisé par le lycée. "Seriez-vous d'accord pour participer à la soirée, sans doute intéressante pour vous ? Vous viendrez ensuite à la maison." Il y accompagnera son fils et viendra le rechercher. Il me rappellera pour me confirmer l'accord de la direction du lycée.

Avec sa femme et son fils, il vient nous chercher à 17h30 au lieu convenu du rendez-vous, à l'entrée principale d'Um al Fahm. Nous le suivons dans des rues sinueuses, sur des pentes à près de 45% parfois. Le lycée se trouve sur le point le plus haut d'Um Al Fahm, 530m. Une vue magnifique sur la vallée, Jenin, Afula, Nazareth. La barrière de la ligne verte, à 50m en contre-bas sous nos pieds. Le lycée a trois ans, 1000 élèves du 7ème degré jusqu'à la terminale, mixte. Avant le spectacle, un des professeurs d'anglais nous fait visiter les lieux, trois bâtiments, colorés, gais, lumineux, spacieux et nous reçoit dans la salle des professeurs où il nous parle d'Um Al Fahm en faisant un schéma des quatre quartiers de la ville correspondants à quatre familles : Mahajna, Mohamed, Jabareen et Egbaria. Sa famille habitait Al-Mansi ! Il précise que les familles de Lajjun sont présentes dans tous les quartiers alors que celles d'Al-Mansi sont groupées dans celui de Mahajna. Tous ont le même nom de famille, chacun se distingue par son prénom accompagné de la précision "Abu" , "Um"(père, mère de …), c'est très facile! nous dit-il. Um Al Fahm a une population de 58 000 habitants (Nazareth 100 000). 70% aurait du travail... Alors 30% de chômage ?

82 professeurs dans le lycée, tous arabes sauf un juif, professeur d'hébreu (il est présent ce soir avec son fils). Une salle informatique comportant une trentaine d'ordinateurs. Les cours sont en arabe. Aucun élève juif. Une journée par semaine commune, chez une communauté ou chez l'autre. Trois langue sont obligatoires : arabe, hébreu, anglais.

Le spectacle commence par la lecture d'une sourate du Coran faite par un élève dont la voix est particulièrement belle : c'est lui qui se chargera du rôle du muezzin avant l'iftar. Puis un prestidigitateur tient en halène les élèves du 7ème au 9ème degré présents ce soir. Les plus vieux auront droit à une soirée particulière, dimanche prochain.

19H50, rupture du jeûne à la cantine du lycée. Professeurs et élèves, dans une ambiance sympathique et détendue, commencent tranquillement le repas après 16h de jeûne complet! Bœuf, riz, fromage blanc, ummous, beignets, coca, eau, gâteaux au fromage...Excellent.

Nous retrouvons Ibrahim et Khulud à la porte du lycée.

Redescente dans la nuit vers leur maison sur le flanc d'une des collines d'Um Al Fahm. Voiture garée dans leur rue particulièrement pentue!!! Très jolie maison bien arrangée à l'intérieur ; une terrasse sur laquelle Khulud nous sert café, pastèque, "touts" cueillis à Al-Mansi, chocolat, thé... Ibrahim fume le shisha, le narguilé. Personne ne le sait, ne le dites-pas.

Khulud revient sur le fait qu'Ibrahim puisse avoir des ennuis si nous diffusons son image (ils ne savent pas que l'audience du film éventuel sera très limitée … mais on sait jamais). Ils ont peur en fait et nous le disent : puisqu'ils ne sont pas contents de leur sort et critiquent Israël, ils risquent de perdre leur nationalité israélienne et d'être envoyés en Palestine, ce qu'ils ne veulent en aucun cas. Palestine, mot qu'ils utilisent pour parler de la Cisjordanie ("West Bank", ils ne connaissent pas...).

"Ceux de Palestine nous considèrent d'un mauvais œil ; ils pensent que nous devenons de plus en plus israéliens et que nous cherchons à nous fondre avec eux." Nous émettons quelques doutes en leur rappelant que beaucoup de Palestiniens que nous connaissons tiennent à ne jamais prononcer le mot d'Israël mais à utiliser le terme de Palestine 48 et parlent des arabes d'israël comme "Palestiniens de 48".
"Nous avons de bons amis juifs, d'excellentes relations avec eux – Parlez-vous de la situation actuelle ou passée ? - Non, jamais"

Les programmes scolaires sont établis par le gouvernement israélien. Ceux d'histoire ne font donc aucune référence à la Nakba ; ils évoquent la période mandataire, l'histoire du Moyen Orient...

"Des personnalités extérieures, des témoins oculaires, d'un certain âge maintenant, sont invités à parler de la Nakba ; cinq fois par an – Mais c'est interdit – Secret (en anglais)".
Il nous dit que dans chaque lycée le gouvernement place un "informateur" officiel, le juif que nous avons dû voir tout à l'heure avec son fils ; il n'apprend pas l'hébreu aux élèves comme il nous a été présenté, mais il est présent pour rapporter tout ce qui s'y passe. "Alors, ces conférences des anciens sur la Nakba? - Israël devrait fermer tous les lycées arabes puisque tous font la même chose".

"Nous sommes israéliens arabes, palestiniens. Nous avons une carte d'identité et un passeport avec la nationalité israélienne. C'est un fait. Nous employons le terme d'Israël et non Palestine 48. Israël est un fait. Que pouvons nous faire ? Etre là et rester là ; nous sommes un problème, une épine pour Israël; Il voudrait bien nous voir tous partir.

La situation est difficile. Nous sommes payés moitié moins que les juifs. Les étudiants à l'université (où tous les cours sont cette fois-ci uniquement en hébreu) passent à la fin de leurs études devant un jury composé de professeurs et président juifs qui décident de l'obtention du diplôme. La ségrégation y est évidente."
Alors beaucoup d'étudiants arabes partent dans les universités à l'étranger. Ceux qui en ont les moyens. Khulud souhaite que ses enfants (15, 13 et 10 ans) puissent en faire autant et surtout qu'ils ne reviennent pas et fassent leur vie en occident. Ibrahim n'est pas d'accord et précise que le fils aîné rétorque à sa mère : "Si nous agissons comme tu le souhaites, il n'y aura plus d'Arabes en Israël et c'en sera fini." "Il a, nous dit son père, une grand conscience de la situation et de l'importance de conserver la mémoire".

- Que pensez-vous de la loi votée en juillet 2018 à la Knesset sur l'état-nation du peuple juif ?

- Je ne l'ai pas lue et je n'en connais pas les détails.
- Entre autres, la langue arabe n'est plus la langue officielle au même titre que l'hébreu.
- Vous savez, les juifs vont continuer à apprendre l'arabe; ils y sont bien obligés s'ils veulent comprendre précisément ce que pensent les arabes de Jordanie, d'Arabie Saoudite, d’Égypte avec lesquels ils entretiennent des relations et commercent...

La vie des femmes est également difficile ici. Khulud nous parle de ses déplacements à Tel-Aviv : elle n'a pas d'ennuis mais elle est particulièrement regardée comme une bête curieuse à cause de son hijab (foulard). Elle sait que c'est la même chose en France. Mais la femme arabe dans son milieu arabe? "Elle est loin d'être libre" assure Khulud. "Mais non !", réplique Ibrahim ; Khulud ajoute que le problème ne se situe pas au niveau de Ibrahim ; nous n'en saurons pas beaucoup plus.

La municipalité appartient au parti islamique, rien à voir avec la Hamas.

Les travaux les plus durs sont effectués par les arabes ; beaucoup travaillent dans le bâtiment et se rendent à Tel-Aviv chaque jour.

Enfin Ibrahim précise que l'Iftar de ce soir était offert par le lycée, que les restes de nourriture ne sont jamais jetés, mais envoyés par camions à Gaza.

"Nous envoyons beaucoup d'argent aux palestiniens de la diaspora. Notre famille après 48 a explosé ; j'ai deux oncles en Jordanie. Mon grand-père a choisi de rester à Um al Fahm ; mon père avait trois ans en 48. Ils avaient deux maisons, une ici et une à Al-Mansi où ils passaient l'été. Une semaine a suffi à la milice pour tout détruire. Nous sommes restés, depuis, toute l'année à Um Al Fahm.
Beaucoup ont été tués – Vous en connaissez le nombre ? - Non, nous savons seulement combien nous étions et combien ont été recensés après ; mais pas davantage."



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